mardi 15 mai 2007

Un (tout petit) peu d'économie...



Le Japon est la 2e économie mondiale avec un PIB de 4500 milliards de dollars. Depuis peu le Japon semble sortir de la stagnation. La croissance en 2005 était de 2,7%. Le chomage est de 4,7% (en amélioration). Les finances publiques marquent un déficit de 7% du PIB (en Europe, les critères de Maastricht le limite à 3%).
L'avantage du Japon, une politique monétaire très très souple. Un yen historiquement très faible qui favorise la balance commerciale via les exportations. Une main-d'oeuvre qui ne rechigne pas à la tache (on est à 50h-60h hebdomadaires, très bien payées certes, mais quand même...)
Le plus gros problème du pays à moyen terme: l'immense dette publique, représentant 170% du PIB (on emprunte pour payer les intérets des dettes précédentes donc, et la dette ne cesse d'augmenter depuis l'explosion de la bulle), qui limite les moyens d'action de l'état. Celui-ci n'a pas d'autres choix que d'augmenter encore les prélèvements... Autre problème, le nombre de créances douteuses: depuis l'explosion de la bulle, l'économie n'a pas été assainie. Les banques ont récupéré de nombreuses créances, qui n'ont pas été naturellement recyclées dans l'économie. Un exemple: après le boom de l'immobilier, les faillites en séries, etc. les banques se sont retrouvées avec des tas d'immeubles. Mais la chute des prix les a poussé à attendre et conserver ces créances en attendant une éventuelle amélioration. Or, le but d'une banque est de faire circuler l'argent, pas de conserver des possessions matérielles. Le gouvernement a affirmé "qu'aucune banque ne devait faire faillite" et fait donc tout pour les maintenir en vie. On retrouve également de nombreux "zombies-business" dans le secteur de la construction. Ces entreprises ont des contrats privilégiés avec l'état pour des politiques de grands travaux planifiées depuis longue date. Or ces politiques sont parfaitement inutiles et improductives dans le sens où il s'agit d'établir des ponts, des routes, etc dans des zones rurales aujourd'hui dépeuplées. Mais le gouvernement ne peut agir, car c'est à la fois suicidaire électoralement parlant et parce que cela permet aussi de réduire le chômage et relancer l'activité à court terme. Le probleme est que cela n'a aucun impact positif à long-terme (ça ne crée pas de valeur, pas de retour sur investissement)et que l'état, bien entendu, s'endette pour financer tout ça (un argent qui pourrait servir à bien d'autres choses plus utiles...).
Pour en revenir aux banques, elles refusent de vendre leurs immeubles pour éviter de perdre de l'argent via une vente avec moins-value. Il faut comprendre que le Japon est actuellement en déflation (baisse des prix généralisés), notamment le marché immobilier, dont les prix baissent depuis la crise, mais pas suffisament rapidement pour pouvoir tout vendre et repartir sur des bases plus saines. Plusieurs raisons à cela, un consommateur refuse d'acheter une maison ou un appart si sa valeur est en train de baisser (comportement tès compréhensible! pourquoi s'endetter si dans dix ans ça ne vaut plus rien?) et préfère attendre ou louer. Autre raison: les "possesseurs", surtout s'il s'agit de zinzins, de banques etc. refusent souvent de vendre. Certes, ils attendent que le marché reparte à la hausse - ce qui est peu probable à court terme, mais surtout, la raison est d'ordre comptable! Dans la comptabilité japonaise, lorsqu'on classe un bien immobilier dans ses "assets", on l'inscrit au montant d'achat. Or, au fil des années, c'est cette valeur d'achat initiale qui est conservée, chaque année, pour évaluer les possessions de l'entreprise. Il n'y a pas d'actualisation! Autrement dit, un immeuble, tant qu'il n'est pas vendu, conserve sa valeur d'achat initiale! Si les banques vendaient leurs immeubles aujourd'hui, elles seraient obligées d'inscrire la différence dans les pertes! Ce qu'aucune entreprise ne souhaite. Donc elles les gardent, et la valeur de l'immeuble reste celle d'avant l'explosion de la bulle. Une raison apparemment aussi bête a du coup des conséquences dramatiques pour l'économie en général. Cela explique en partie pourquoi la crise dure aussi longtemps...
Autre gros problème: la bureaucratie a un pouvoir énorme, qu'elle souhaite conserver, si bien qu'elle n'appliquera aucune mesure visant à limiter ce pouvoir et l'ingérance de l'état dans divers domaines, même si cela coute cher à l'économie du pays...
Sinon, Toyota explose tous les records et humilie tous ses concurrents (une incroyable success story...) et Nintendo en une année a connu une croissance énorme (je compte environ 10 DS par wagons de métro! et la plupart des utilisateurs sont des filles/femmes!).
Bon ça ne vaut pas grand chose c'est une petite analyse très rapide pas appronfondie, surement plein d'erreurs, mais c'est pour vous montrer dans quelle atmosphère je baigne le mardi soir du haut de ma tour à Shinjuku, avec soleil couchant puis nuit étoilée de néons...

Aucun commentaire: